On va commencer par une note légère J : le mot « cododo » serait apparu pour la première fois en 1999, dans un article de Biba.
Dans notre société, le sujet de dormir avec ses enfants fait débat. Pour être un « bon parent », nous serions censés éduquer nos petits à dormir éloignés de ses parents, et si possible toute la nuit dès le plus jeune âge.
Alors que la plupart des pays, notamment dans l’hémisphère sud, pratiquent le cododo depuis toujours, pourquoi bannir si fermement cette pratique dans notre société ? Pourquoi faire culpabiliser les parents ? Pourquoi les empêcher de se laisser aller à leur instinct protecteur ?
Peu à peu, les professionnels reviennent sur ces idées, car elles ne sont pas physiologiques. En mettant en place des méthodes de sommeil, dont la méthode des pleurs 5/10/15min, nous ne leur apprenons pas à dormir : nous leur apprenons que les adultes ne répondront pas à leur besoin. Point. Physiologiquement, l’application de cette méthode, fait monter le taux de cortisol (hormone du stress) l’enfant et la mère, d’entendre son bébé pleurer sans répondre à son besoin. Petit à petit l’enfant arrête de pleurer mais les études montrent que le taux de cortisol reste toujours très haut. En revanche, à l’arrêt des pleurs, le taux de la mère diminue. Comment interprétez-vous ces résultats ?
On sait désormais que le non respect des besoins de l’enfant peut entraîner des problèmes de personnalité, de confiance et de bien-être chez l’enfant.
Je le répète, dormir seul dans sa chambre n’est pas physiologique pour un nouveau-né. Il peut le devenir plus tard d’un commun accord, quand l’enfant le demande ou que ses parents sentent que ça ne fonctionne plus.
Une solution intermédiaire peut aussi être de dormir avec ses frères/sœurs.
Cet article n’a en aucun cas l’objectif de faire culpabiliser. En tant que Doula, j’aspire à partager les informations claires afin que chaque parents puisse être le parent qu’il souhaite, confiant, et arbitrant entre son instinct, le savoir scientifique et ses possibilités.
Voyons ci-dessous quelques arguments en faveur du cododo.
Un sommeil immature
Le sommeil est un apprentissage. Demanderiez-vous à votre enfant de marcher à 3 mois ? L’acquisition du sommeil, proche de celui d’un adulte, s’acquiert vers l’âge de 5 ans environ.
Seulement 75% des nouveau-nés vivent sur un rythme circadien (24H) à partir de 3/4 semaines. Pour les autres, cela peut prendre jusqu’à 3 mois.
Le sommeil d’un nouveau né est différents de celui d’un adulte : des cycles de 50 min contre des cycles de 90 min pour un adulte, et 60% de sommeils agités, qui réduiront petit à petit pour atteindre 25% chez l’adulte.
La prematurité des petits humains
Les bébés humains naissent « prématurément » par rapport aux autres mammifères. En effet l’évolution de l’homme fait que le bébé doit sortir plus tôt car la taille de son périmètre crânien serait trop importante ensuite pour une naissance physiologique.
Comparons le nouveau-né humain et le nouveau-né chimpanzé : le cerveau du nouveau-né humain représente ¼ du cerveau de l’adulte, alors que celui du chimpanzé en représente 45%. On estime à 12 mois le temps supplémentaire de gestation qu’il faudrait pour atteindre le même stade de développement pour un bébé humain, soit approximativement à l’acquisition de la marche.
On peut alors parler de foestus ex-utero, et mieux comprendre les besoins de chaleurs, de présence et de maternage du tout petit.
La méthode kangourou, pour les prématurée (-de 37 SA) a d’ailleurs été prouvée comme bénéfique pour le développement (portage, peau à peau etc..). Alors pourquoi ne pas poursuivre au delà ?
Le rôle de l’allaitement
L’allaitement encourage le cododo et vice-versa. Les mamans allaitantes pratiquent plus généralement le cododo par praticité. Les hormones sécrétées par les tétées aident les mamans à se rendormir.
En parallèle, le cododo est un des éléments de succès d’un allaitement. Le pic de prolactine a lieu pendant la nuit, entre minuit et 3h, c’est pour cela que bébé se réveille pour téter et qu’avoir les seins vidés à ce moment stimule d’autant plus la lactation. Tout est NORMAL en fait. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un enfant tète la nuit dans son sommeil, et celui de sa mère. Aussi, un nouveau-né prend jusqu’à 40% de ses besoins quotidiens la nuit. Les tétées nocturnes participent donc grandement à la prise de poids.
Le combo cododo et l’allaitement sont finalement une belle arme contre la fatigue des jeunes parents.
La mort subite du nourrisson (MSN)
Pendant un temps, on a cru que le cododo pourrait être une cause de la mort subite du nourrisson. Mais plusieurs éléments entrent désormais en opposition avec cette croyance :
- Des études prouvent que la présence de la mère est régulatrice de plus de 15 fonctions physiologiques dont les périodes de sommeil et de réveil nocturnes, la tension artérielle, la température du corps, et même l’activité des cellules immunitaires (Dr Hofer).
- Le rythme cardiaque des bébés à tendance à se synchroniser avec celui des parents, évitant ainsi les apnées du sommeil et les MSN.
- Etre près du corps de la mère peut réduire jusqu’à 74% les hormones de stress chez l’enfant. Nous savons que ces dernières inhibent les fonctions intestinales, de digestion et de croissance (Nils Bergman).
- La mère a tendance à être inconsciemment plus vigilante, surtout quand elle allaite où elle a tendance à dormir face à son bébé, et donc a repérer tout événement anormal (étouffement, apnée..).
Pour résumer, le cododo :
- Favorise la création de lien entre la mère et l’enfant et vice versa
- Participe au succès d’un allaitement
- Participe au développement psychologique de l’enfant
- Permet des nuits plus sereines pour la famille
- Répond aux besoins d’assurance, sécurité et affectif des enfants comme des parents
- Le cododo commencé alors que le bébé a déjà plusieurs mois peut-être plus compliqué à instaurer. On peut alors de mettre un matelas par terre, proche du lit des parents.
- Dormir avec son enfant ne veut pas forcément dire dormir dans le même lit, cela peut-être dormir dans la même chambre, dans un lit cododo, sur un matelas, dans la chambre de ses frères et sœurs ou même faire cododo partiel (partager le lit ou la chambre qu’une partie de la nuit).
- Une vaste étude sur 1400 enfants montre qu’à long terme, les enfants « cododo » seraient plus satisfaits de leur vie (Mosenkis J, 1998).
- Le cododo finit toujours par se terminer, d’un commun accord, parfois en une fois, parfois progressivement.
- Le cododo s’adapte à toutes les familles et peut prendre la forme de son choix, laissons aux parents la possibilité de faire confiance à leur instinct.
Vous ne devez pas partager le lit avec un bébé si vous (ou n’importe quelle autre personne dans le lit) :
- Fumez (quel que soient l’endroit et le moment),
- Avez consommé de l’alcool
- Avez pris de la drogue ou un médicament quelconque qui pourrez vous rendre très somnolente
- Etre anormalement fatiguée à tel point qu’il vous serait difficile de répondre aux besoins de votre bébé
- Faire attention de ne pas mettre d’oreiller à votre bébé, qu’il soit posé bien à plat sur le drap housse.
Au final présence du parents pour l’endormissement peut prendre plus de temps qu’un rituel mais c’est la forme la plus pure d’accompagnement, qui s’exerce sans geste ou objet particulier.
Avant de terminer je voudrais rappeler que nous ne devrions pas être les seuls à répondre aux besoins de l’enfant. Il est important de bien s’entourer, de faire appel si possible à la famille ou à des professionnels pour être accompagné.
Mon expérience personnelle
Après avoir laissé pleurer mon ainée (cela a finit par fonctionner), j’ai procédé instinctivement pour mes autres enfants. En grandissant, ils ont toujours partagé leur chambre avec leurs frères et sœurs. Ils ont tous eu des doudous en « substitution » du lien maternel. Même si c’est très pratique, c’est finalement leur utilité, il faut appeler un chat un chat J.
Mon avis est resté très longtemps stigmatisé, à savoir qu’il fallait que chaque enfant ait sa chambre, et dorme seul. Mon mari, lui , insistait pour les mettre ensemble. Il avait toujours voulu dormir avec sa sœur, il lui semblait naturel de répondre à ce besoin si tout le monde est ok.
Puis, à partir de l’arrivée de la 3ème, nous avons fait dormir tout le monde dans la mère chambre, puis divisé 2 par 2 à l’arrivée du 4ème . Je me suis rendu compte que dormir avec leurs frères et sœurs les rassurait énormément. En parallèle ils sont souvent venus dans notre lit à tour de rôle suite à des mauvais rêves ou nous dans leur chambre en milieu de nuit pour les rassurer. Il nous est même arrivé de faire chambre séparée avec mon mari pendant plusieurs semaines afin d’avoir des nuits correctes.
Et pour le dernier, nous avons mis un matelas près de notre lit pour qu’il puisse venir se réfugier pendant la nuit.
Progressivement nous nous sommes affranchis des diktats de la société et avons choisis les solutions les plus adaptées à nos sommeils respectifs.
Je rêve d’un lit king-size depuis des années, si j’avais su je l’aurais mis dans ma première liste de naissance !!!
Désormais tout le monde dort à peu près bien, et je regrette presque d’avoir perdu ces années ou j’aurais pu avoir mes bébés contre moi la nuit.
Article inspiré du livre “Cododo: pourquoi ? comment ?” Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau.
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